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  • Voyage voyage ! des rêves de bout du monde, de découvertes, de paysages et de rencontres ... j'en ai réalisé certains mais il m'en reste encore plein ! pas sûre qu'une seule vie suffise à les réaliser, mais je m'y emploie.
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30 octobre 2013

VILLES DE L'OUEST GUYANAIS

L'Ouest Guyanais : un passé chargé d'histoire, un environnement et un climat peu engageants, des vagues d'immigration pour une population pluriethnique ... c'est un véritable voyage à travers le temps et les cultures.

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À 7500 Km de Paris, à 250 kilomètres à l'ouest de Cayenne,  Saint-Laurent du Maroni, capitale de l’Ouest Guyanais s’étend sur 4830 km2. Cette ville frontière avec le Surinam compte 35 809 habitants, elle est la deuxième commune le plus peuplée de Guyane après Cayenne.

En face, Albina.

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Autour la forêt

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et le fleuve

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  • Une histoire ancienne

Des travaux de fouilles ont permis de découvrir,  que le site était occupé avant 7200 avant notre ère par les populations amérindiennes.

  • une histoire coloniale

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le Maroni est la voie de pénétration de nouvelles populations. Aux colons européens et leurs esclaves noirs, vont s'ajouter les Bushinengue, esclaves en fuite du Suriname.

  • Un nouvel Eldorado

La ruée vers l'or, qui débuta peu après l'abolition de l'esclavage, vers 1850, révolutionna la société. Les esclaves libérés délaissèrent les plantations à la recherche de l'or, creusèrent les premières mines en forêt, où ils furent rejoint par les créoles venus de la Caraïbe (Martinique, Guadeloupe, Dominique et Sainte-Lucie). C'est la disparition économique des Blancs créoles, ruinés par le départ des esclaves de leurs plantations.

  • une histoire poignante

Le premier bagne fut créé par la loi du 26 août 1792 qui prévoyait la déportation politique en Guyane, dans un objectif de colonisation. Les nombreuses épidémies qui s'y développent entraînent l'arrêt de l'application de ces mesures et une première fermeture dès 1795.

Mais après l'abolition de l'esclavage, les nouveaux territoires explorés manquant de main d’œuvre, Louis-Napoléon rétablit la déportation des bagnards en 1852. Outre la construction de routes, ils édifièrent les nouveaux pénitenciers, le site dénommé Saint-Laurent-du-Maroni   devint  le siège de l'administration pénitentiaire. Le bagne qui a vu passer 70 000 bagnards ne ferma définitivement qu’en 1946.

 

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Mais à cette époque la ville dut s'agrandir. Construite en damier, elle était divisée en trois quartiers.

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Il y avait le quartier officiel avec les administrations et ses logements de fonction, venait ensuite la ville coloniale destinée aux concessionnaires, puis le quartier du Camp de la transportation, où se trouvaient aussi la gendarmerie et l'hôpital. Cette organisation et la qualité des constructions firent surnommer Saint-Laurent le « Petit Paris »

  • une histoire partagée

Avec la disparition du bagne et de la main d’œuvre, le gouvernement français fit venir des ressortissants portugais, africains, indiens et chinois.

L'ouest est devenu le berceau de la culture pluriethnique guyanaise.

 

Les bâtiments restaurés témoignent d'un passé prospère de la ville.

 

La mairie

St Laurent , « commune pénitentiaire »  n’a au départ  aucune autonomie par rapport à l’administration pénitentiaire avec à sa tête le commandant supérieur du Maroni, et ce n’est qu’en 1949 que le premier maire fut élu.

Cet Hôtel de ville fut construit en 1907 selon les caractéristiques architecturales de l’époque : construction symétrique en briques, galeries couvertes, toit aux pentes permettant de rejeter l’eau de pluie loin des  fondations.

 

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La banque de Guyane

 

Construite vers 1920 dans le quartier officiel, c’est ici que les orpailleurs du Maroni échangeaient leurs pépites contre des billets. Elle servit également aux condamnés qui recevaient un petit pécule en fin de peine.

Architecture fortement inspirée des bâtiments métropolitains du début du XXème, brique omniprésente et caractère austère, en dehors du balcon et de l’escalier.

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L'église

 

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Tous les bâtiments n'ont pas été rénovés, et la ville semble figée dans le temps à certains endroits.

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L’hôpital

Le bâtiment de l'hôpital André-Bouron est classé monument historique depuis le 9 mars 1937. Il doit son nom à André Bouron, docteur en médecine de la faculté de Paris, qui s'installa, en 1910, comme médecin civil à l'hôpital du bagne de Saint-Laurent. Il meurt le 27 février 1939, à l'âge de 74 ans, lors d'une mission sur le Maroni. L'hôpital local porta son nom jusqu'en l'an 2000

certains bâtiments ont été rénovés, mais la vétusté est visible, et un nouvel  hôpital doit voir le jour sur un autre site …

 

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La maternité de l’hôpital de St Laurent détient le record français du plus grand nombre d’enfants par femme en âge de procréer. Nombreuses sont les surinamaises qui traversent en pirogue une fois le travail commencé pour accoucher dans l’espoir d’obtenir la naturalisation.

 

Le bagne

Le bagne de Saint-Laurent-sur-Maroni n'était qu'un dépôt temporaire. Dans ce camp de la transportation, tous les condamnés débarquaient pour être ensuite envoyés dans les autres camps et pénitenciers :  îles du Diable, St Georges, la Comté, St Louis, St Jean …

Les catégories de bagnards:

La première chronologiquement (mais pas la plus importante en termes d'effectifs) est la peine de la Déportation. Elle ne s'applique qu'aux prisonniers politiques qui sont le plus souvent envoyés sur les îles du Salut au large de Kourou.

La deuxième, la peine de la Transportation, est créée en 1854. Elle condamne les criminels; jugés aux assises, aux travaux forcés dans les bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie.

La dernière peine, établie par la loi de 1885, est celle dite de la relégation. Il s'agit d'une peine d'éloignement à vie du territoire hexagonal, qui vient s'appliquer à la fin de la peine purgée dans les prisons françaises: elle concerne le plus souvent des petits "délinquants récidivistes". Les relégués sont emprisonnés au camp de Saint Jean du Maroni, dépendant de Saint Laurent.

 

 Ainsi seulement un petit nombre de bagnards restaient à Saint-Laurent, presque tous employés localement. Ils étaient des hommes considérés peu dangereux, condamnés pour de petits délits, ils vaquaient presque librement aux tâches confiées la journée et se retrouvaient dans les baraquements, en dortoirs, le soir, sans entraves. On estimait qu'ils ne tenteraient pas de s'enfuir.

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 Si toutefois ils venaient à récidiver ou tenter de s’échapper ils étaient envoyés dans le quartier disciplinaire, « le bagne des bagnes »

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selon la gravité passaient de la cellule collective,

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au cachot,

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aux fers chevilles enchaînées avec manille,

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la guillotine était parfois dressée dans l’enceinte du quartier pénitentiaire…

 

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St Jean du Maroni

Les condamnés métropolitains multi-récidivistes (vagabondages, vols …)  tombaient sous le coup de la loi sur la « relégation », c’est-à-dire l’internement à perpétuité aux colonies : « condamné à X années  et autant d’interdiction de séjour », le principe du doublement de la peine.

C’est à 15 kilomètre de St Laurent qu’un nouveau camp est ouvert en 1859. St Jean, d'un village de colons, le camp se transforme rapidement en un pénitencier.

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Les relégués sont internés au sein d'un dépôt, encadrés par des agents de l'administration pénitentiaire et astreints à des travaux forcés. L'objectif de ce régime est de leur permettre de se familiariser au labeur colonial et d'amasser un pécule suffisant pour pouvoir, à terme, bénéficier du régime de la relégation individuelle.

Dans le cadre de la relégation individuelle ils bénéficient de moyens financiers pour se prendre en charge sur place, Ils sont libres de travailler ou peuvent bénéficier d'une concession à la seule condition de ne pas quitter la colonie. La relégation cherche donc à favoriser leur installation. Mais faute de reléguées féminines et compte tenu de l’insalubrité le projet de colonisation pénitentiaire échoua.

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St Jean est actuellement occupé par les Noirs-Marrons réfugiés du Suriname qui vivent sur et au milieu des vestiges du camp.

 

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L'ancien quartier officiel de la relégation accueille maintenant le régiment du service militaire adapté de Guyane.

 

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Mana

 Un bagne pour femmes a été ouvert à Mana au XIXe siècle, fermé début XXe, non loin de l'embouchure du Maroni. Au nord de la commune se trouve une zone côtière bordée par l'Océan Atlantique.

la commune de Mana a eu une histoire très riche et connu de nombreuses évolutions.

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L’histoire de Mana se lit dans la présence ancienne des Amérindiens et dans la mémoire encore très vive d’un bourg qui, autour de la figure d’Anne-Marie Javouhey, avec la fondation d'une colonie agricole, a constitué la première société d’hommes noirs libres de la Guyane, bien avant l’abolition de l’esclavage.

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Autour de l'église le bourg a perdu de sa prospérité et semble figé, dans l'ombre de St Laurent.

 

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De Mana dépend également le village de Javouhey peuplé essentiellement par des habitants Hmong exilés du Laos. 

Les Hmong constituent une ethnie répartie tout au long des siècles passés sur plusieurs pays : sud de la Chine, Thaïlande, Vietnam, Laos. Au 20e siècle, beaucoup d’entre eux se retrouvent dans les zones montagneuses du Laos.

L’arrivée des communistes au pouvoir au Laos après la fin de la guerre du Vietnam provoqua la fuite d’une partie des Hmong. Aidés par des religieux catholiques certains s’installent en Guyane, sous peuplée, où ils obtiennent l’autorisation de créer le village de Cacao, puis celui de Javouhey près du site de l’ancienne léproserie fondée par la religieuse Anne-Marie Javouhey.

La société Hmong est très structurée et hiérarchisée, Le village est dirigé par un Conseil d’Ancien formé par les chefs des clans locaux et des chefs de familles importantes. Progressivement, les coutumes non conformes à la loi française ont été abandonnées, mais les traditions qui ne posaient pas de problèmes ou celles du domaine privé sont restées.

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Les Hmong sont tous des agriculteurs. Chaque village est entouré par une zone de défrichement, ils y pratiquent en coopérative le maraîchage et un peu de riziculture.

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Les Hmong ont su rapidement jouer un rôle économique non négligeable, notamment dans l’approvisionnement du pays en produits maraîchers de Guyane.

 

 

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Dernière étape dans ce grand Ouest, AWala Yalimapo

 

À l’extrême Nord-Ouest,  60 km de St Laurent, la commune s’étend entre l’embouchure du Maroni et du Mana.

En bordure de  l’océan atlantique couleur café, la plage des Hattes s'étend sur 5 kilomètres, la plus grande plage du département.

 

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Le site, réserve naturelle protégée, est connu pour être le lieu de rassemblement de tortues marines (tortues Luth) le plus important de tout l’Atlantique. D'avril à Juin pour la ponte, de Juillet à Octobre pour l'éclosion.

Pas la bonne saison pour nous, nous y reviendrons !

Mais c'est aussi tout au long de l'année un lieu de villégiature "hamac" très prisé.

 

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On a même carrément sorti le frigo ...

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 La commune regroupe deux villages et un hameau amérindiens. Une communauté kali'na y vit.

Il est possible qu'à l'époque coloniale la population autochtone ait été supérieure en nombre à la population guyanaise actuelle, les traces archéologique en témoignent.

Au cours des décennies suivantes, les maladies apportées par les colons, bien plus que les combats, ont considérablement réduit le nombre d’Amérindiens.

Toutefois, les Kali’na n’ont jamais abandonné ce territoire, et à la fermeture du bagne, les Amérindiens ont repris possession de ce territoire au Nord-Ouest. Aujourd’hui, le village d’Awala Yalimapo regroupe plus de 1 300 habitants, un peuple dont certains craignaient l’extinction physique il y a moins d’un siècle.

Aujourd’hui, le défi de la municipalité est de concilier les impératifs administratifs associés au statut de commune et le mode de vie kali’na.

 

 « Nulle haine n’habite aujourd’hui l’esprit et le cœur es Amérindiens de Guyane, seulement la colère du juste. (…) Nous voulons obtenir la reconnaissance de nos droits aborigènes, c’est-à-dire, la reconnaissance de nos droits territoriaux, de notre droit à demeurer amérindiens et à développer nos institutions et notre culture propre ».

Au fil des années, cela a conduit  à une réglementation communale particulièrement originale. Ainsi, à Awala Yalimapo le foncier appartient à la communauté et non à un individu, les maisons sont donc bâties sur un terrain collectif. Il est notamment interdit d’installer une clôture autour de sa maison. Par ailleurs, toute personne désirant s’installer sur la commune doit obtenir l’autorisation du chef coutumier avant de faire sa demande à la mairie.

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 En quelques années, la vie quotidienne à Awala Yalimapo a été transformée de manière radicale. La majorité des Amérindiens de Guyane sont devenus des citoyens français vers la fin des années 1960. Cette nouvelle nationalité leur accorde des droits, comme le droit de vote, mais aussi des obligations - notamment la scolarisation massive des enfants, 60% de la population a moins de 20 ans – conditions qui  les font entrer rapidement dans une économie monétaire et de consommation.

La préservation de la culture kali’na passe évidemment par le respect des traditions, mais aussi par un certain dynamisme permettant d’accompagner la modernisation de la société.

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Impression de calme et d’intemporalité peut être trompeuse …

 

 

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Commentaires
M
A très bientôt, en live !
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C
Merci, encore une fois, pour ce superbe blog ! Maintenant que je sais que je vais venir y vivre, je savoure encore plus ces photos et récits ! :-) C'est fascinant...
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