L'EST GUYANAIS ET LA FRONTIERE BRESILIENNE

200 kilomètres vers l'est, une route encore inconnue pour nous, bizarrement toute en virages et au revêtement parfois défaillant ... direction la petite ville frontière de St Georges de l'Oyapock.

Fondée en 1853 par les bagnards envoyés dans la région pour remblayer les marais afin de construire une cité à la frontière brésilienne, la commune doit son nom à une pièce de monnaie hollandaise représentant Saint-Georges découverte par les prisonniers chargés des travaux.

Le Bagne de Saint-Georges avait une vocation agricole et forestière, plantations de canne à sucre, de café, de coton, de maïs et de rocou, mais en raison des maladies tropicales comme la fièvre jaune et le paludisme, c'était un de ceux où la mortalité était la plus forte en Guyane. on y envoya les condamnés d'origine africaine jugés plus résistants à ce type de climat, mais le taux de mortalité ne faiblit pas et le camp fut fermé en 1863.

C'est grâce à la découverte d'or en 1885 dans la rivière Camopi située plus au sud que Saint-Georges se repeupla en devenant un camp de base pour ravitailler les orpailleurs.

Le bourg compte 1 500 habitants répartis sur les villages de Saint-Georges, Tampack ou Trois Palétuviers.

Le bagne de Saint-Georges ayant été construit en bois, il n'existe malheureusement plus beaucoup de vestiges, mis à part l'église du village et  la maison Garros située au bord de la digue construite par les bagnards au bord de l'Oyapock pour maintenir les terres sur lesquelles le bourg fut construit.

L'architecture de la commune est composée pour l'essentiel d'habitat traditionnel comme la  case créole, le carbet palikur, la maison cabocle oyapoquoise et la maison brasiléo-caraïbe.

Ici, la vie est liée à celle du deuxième plus important fleuve guyanais : l'Oyapock, frontière naturelle avec le Brésil. C'est une zone d'échange entre les gens du fleuve vivant sur ses deux rives.

A 20 kilomètres au sud de Saint-Georges par la piste, ou en une heure de pirogue, on atteint le Saut Maripa.

C'est l'endroit qui marque la limite de la remontée des marées dans le lit de l'Oyapock. 

Sur 2 kilomètres de distance, le fleuve descend de 14 mètres en direction de Saint-Georges et Saut maripa est considéré comme un des rapides les plus dangereux de l'Oyapock, avec l'eau qui tourbillonne entre les rochers. En saison sèche, pas de rapides, pas de difficulté pour les pirogues ...

Et quand les eaux sont  basses, comme en ce moment, le Saut Maripa offre de belles piscines naturelles entre les rochers, dont on a bien profité...

Oiapoque

Située en face de Saint-Georges à 10 minutes de pirogue, sur la rive droite de l'Oyapock, la ville d'Oiapoque offre un aperçu de la vie brésilienne.

Oiapoque est une ville plus animée que Saint-Georges avec hôtels, restaurants et bars ou la bière et caïpirinha coulent à flot. Inutile de préciser qu'on a ramené de la cachaça ...

Avec son marché couvert, le Musée Kuahi qui présente les peuples indigènes et surtout ses nombreuses boutiques de souvenirs, de vêtements et de chaussures, les échoppes où on vend des pépites d'or, Oiapoque attire les touristes venant de Saint-Georges.

 Les couleurs, les affichages, pas de doute c'est la porte d'entrée vers l'Amérique du Sud ...

En dehors des rues du centre l'architecture et l'aménagement restent parfois sommaires.

L'école et le bus scolaire

Un pont a été construit en 2011 pour relier Saint-Georges à Oiapoque, de 378 mètres de longueur et dont les deux voies surplombent le fleuve à 15 mètres de hauteur. 50 millions d'euros ont été dépensés pour réaliser ce premier pont entre la France et le Brésil, chacun des deux pays ayant apporté la moitié de la somme. Mais la route entre Oiapoque et Macapá, la capitale de l'Etat de l'Amapá, est une piste peu praticable et il faudra encore attendre avant qu'elle soit goudronnée, les finances allant prioritairement à l'organisation de la coupe du monde de foot et des jeux olympiques.

Le pont attend donc toujours d'être inauguré.

 En attendant on fait traverser les voitures si besoin sur une barge ...

Petit intermède pour nous, premier contact avec notre grand voisin, histoire de prendre nos repères pour notre prochaine traversée pour des vacances au Brésil cette fois ...

Bon, il me reste peu de temps pour passer de l'espagnol au portugais, et c'est pas gagné !