PAQUES A PAQUES
L’île de Pâques, ou « Rapa Nui », est la terre habitée la plus isolée du monde, à 3700 Km du Chili et 4000 Km de Tahiti, elle est considérée comme le «nombril du monde ». Elle doit son nom au navigateur néerlandais Jakob Roggeveen qui l’a découverte le jour de Pâques, le 5 avril 1722.
Cinq heures d’avion depuis Papeete et nous voilà prêts à la découverte …
Les vestiges sur place ne peuvent que nous interpeller et se pencher un sur l'histoire de l'île permet d'en saisir toute la grandeur...
Les études s’accordent sur le fait que la Polynésie serait à l’origine du peuplement de l’ile de Pâques. Vers 400 après JC, les premiers navigateurs polynésiens auraient voyagé sur de grandes pirogues à balancier depuis les îles Marquises ou bien des îles plus proches des Tuamotu(Mangareva) en passant par Pitcairn.
Les premiers migrants avaient réussi à construire, une société clanique complexe mais bien adaptée à son environnement. Toutefois, l’importance croissante du culte des ancêtres - traduite par l’érection de centaines de statues à l’effigie des anciens - a fini par aboutir à une crise environnementale avec la déforestation, la sécheresse et l’érosion des sols, mais surtout à une crise sociale, avec probablement des luttes tribales dans les années 1500 à 1600.Crise au terme de laquelle l’assise de la société pascuane change et la construction des statues et des plateformes cesse brutalement. Le culte des ancêtres (destiné à des entités familiales ou claniques) a été progressivement supplanté par le culte du dieu Makemake et de l’homme-oiseau qui étend désormais son autorité sur l’ensemble de la population.Le film « Rapa Nui » tourné en 1993 propose une version romancée de cette histoire.
Avec l’arrivée de nouveaux colons européens, les maladies comme la tuberculose et la syphilis puis les déportations pratiquées par les péruviens ont fini de décimer la population autochtone, la réduisant à une poignée d’habitants, la population d'origine serait ainsi passée de 2500 personnes à seulement 111 en 1877 . Les missionnaires Européens (initialement français) et leurs ouvriers agricoles Polynésiens en se mêlant aux autochtones, formèrent le peuple Rapa-Nui. En 1888 elle est annexée par le Chili. La population actuelle compte environ 4000 habitants et les habitants de l’île sont finalement devenus catholiques.
reconstitution du chemin de croix, ferveur d'un regard
Cette île triangulaire de 117 Km2, formée autour de trois volcans, est surtout connue pour ces statues, les Moais, et le mystère qui les entoure.
Le mystère de ces statues réside essentiellement dans le moyen de transport utilisé pour déplacer ces énormes blocs de pierre de plusieurs tonnes depuis l’unique carrière jusqu’aux sites parfois distants de 20 kilomètres, sur des chemins vallonnés, jonchés de débris volcaniques.
D'autres interrogations portent aussi sur la découverte des plaquettes de bois couvertes de signes (l’écriture Rongo-Rongo) qui restent indéchiffrables malgré de nombreuses tentatives. Ces plaquettes (registres généalogiques ?), uniques dans la sphère culturelle polynésienne, ajoutent au mystère de l’île de Pâques.
Le volcan Rano Raraku
L’un des 3 volcans majeurs de l'Ile de Pâques, le volcan Rano Raraku est la carrière d’extraction des moais de l'Ile de Pâques. De nombreuses statues ont été abandonnées en cours de transport ou pendant la taille, certains sont ensevelis.
Les pukaos, chignons ou chapeaux de basalte rouge qui ornaient les moais, sont extraits de la carrière Puna Pau.
Selon la tradition orale, ces statues arrivées à destination et alignées sur des « ahus » - plates-formes empierrées- devaient renvoyer le Mana « énergie spirituelle » des ancêtres enterrés là comme protection vers les vivants du clan.
L'Ahu Tongariki
Situé au pied du volcan Rano Raraku, l'Ahu Tongariki réunit 15 moais sur un même ahu de 150 mètres de long. Les statues ont été entraînées sur 150 mètres par un violent tsunami, suite au tremblement de terre de 1960 sur les côtes chiliennes.
Une société japonaise a contribué à la restauration de cet ahu, utilisant cette action comme publicité pour ses grues !
L'Ahu Tahai
Situé près de l’unique ville de Hanga Roa, ce site constitué de trois plateformes date de l'époque primitive de l'ère des moais qui présentent d’ailleurs des similitudes avec les Tikis polynésiens. Les statues très abimées par le temps et les conditions météorologiques ont été restaurées, parmi elles on trouve le seul moai avec ses yeux constitués de corail et d'obsidienne pour la pupille.
L'Ahu Te Pito Kura
Situé près de la baie La Pérouse – navigateur français débarqué en 1786 pour dessiner des cartes précises - cet Ahu est marqué par la présence d'une pierre arrondie, "Te Pito o te Henua" le fameux nombril du monde. Cette pierre qui contient de nombreux éléments métalliques, possède des propriétés électromagnétiques et retient étonnamment la chaleur. La boussole s’affole à son contact !
L'Ahu Akivi
Seul Ahu dont les moais sont tournés vers la mer, l'Ahu Akivi a été restauré dans les années 60. Les sept statues représentent les envoyés du roi Hotu Matu'a, avant qu'il ne s'installe sur l'ile.
La plage d'Anakena
C'est dans cette baie qu'aurait abordé le roi Hotu Matu'a pour s'établir dans l'ile, au V ème siècle, chacun de ses six fils étant à l’origine d’une des principales tribus. Les moais de l'Ahu Nau Nau sont étonnamment bien préservés car le sable où ils sont tombés les a protégés de l'érosion.
Le volcan Rano Kau
Le volcan Rano Kau est intimement lié au culte de l'homme oiseau car c'est sur ses pentes qu'est situé le village Orongo.
Orongo est en effet le site dédié au culte de l'Homme Oiseau. Le site rassemble aussi le plus grand nombre de pétroglyphes de l'île.
Ce culte - lié au dieu fondateur MakeMake - a probablement permis une certaine stabilité politique de l'ile en créant une singulière forme d'alternance au pouvoir. Tous les ans, chaque tribu choisissait un de ses membres pour participer au "concours" qui consistait à ramener le premier œuf de la saison de ponte pour assurer la pouvoir au chef de tribu.
Les participants devaient dévaler les pentes du volcan, rallier à la nage les ilots en contrebas, en luttant sur deux kilomètres contre les courants dans des eaux infestées de requins, attendre parfois plusieurs jours la ponte des oiseaux marins, puis revenir à la nage avec l'œuf attaché sur le front et enfin escalader la falaise du volcan pour remettre l’œuf intact au nouveau leader.
Une fois nommé, l’homme oiseau avait un statut de demi-dieu. Statut peu enviable car il était entièrement rasé, le corps peint en rouge, il devait surtout vivre seulement accompagné d'un prêtre sur le volcan Rano Kau, ne pouvant être ni vu, ni touché, interdit de relations sexuelles, ne pouvant ni se laver, ni se couper ongles et cheveux...
Cette cérémonie a finalement été interdite par les missionnaires en 1876, mais les festivités sont encore maintenues en Juillet.
Au-delà de l'énigme qui entoure cette île, et du mysticisme qui y règne, nous avons découvert de superbes paysages à pied, à cheval, à vélo ou en quad
et fêté encore une fois un anniversaire dans un lieu enchanteur !